L’ONU devient "de fait une partie au conflit", dit MSF

13/07/2013
13/07/2013

« Nous ne sommes pas des soldats en blouse blanche ! », lâche Bertrand Perrochet, chef de mission de Médecins sans Frontières (MSF) en République démocratique du Congo, en tête d’une déclaration rendue à la presse le 5 juillet 2013.

"We are not soldiers in white blouse", says Bertrand Perrochet, head of the french NGO Doctors without borders (MSF) in DRC, to begin the communiqué released the 5th of july 2013.

L’évolution des missions de paix de l’ONU en véritables campagnes militaires, telle celle que la résolution 2098 du Conseil de Sécurité confie aux Casques Bleus de la Brigade d’Intervention (BI) au Kivu, est loin de faire l’unanimité au sein de la Maison de verre de New York. Et si la BI n’est pas encore opérationnelle, les responsables de la mission onusienne de stabilisation de la RDC (MONUSCO) sur le terrain semblent s’adapter rapidement aux nouvelles consignes avec des procédés pour le moins discutables.

« Les Nations Unies entretiennent déjà cette confusion des genres en imposant des escortes armées aux agences humanitaires de l’ONU pour se rendre dans certaine zones, ou en présentant publiquement des action d’intérêts communautaires menées par ses troupes armées comme des actions humanitaires », constate Perrochet.
Une ambiguïté aux conséquences fâcheuses et dont les conséquences seront létales car, suite au mandat offensif attribué pour la première fois dans son histoire aux anciens soldats de la paix, « les Nations Unies auront trois fonctions : aider, protéger, combattre. Ces missions étant intégrées, les NU deviennent de fait une partie au conflit, prévient Perrochet. Comment les populations peuvent-elles différencier le militaire de l’humanitaire, d’autant plus que ces différentes missions agissent sous le même commandement ? Le danger est donc réel que l’aide humanitaire, et en particulier les activités médicales, soit ciblée par les différentes parties au conflit. Les exemples sont déjà nombreux d’hôpitaux pillés, de matériel détruit ou de patients tués au sein de structures médicales ».

« Qu’en sera-t-il demain si la confusion entre militaire et humanitaire, entretenue par les Nations Unies avec le déploiement de la Brigade d’intervention nous empêche d’avoir accès aux populations affectées par le cycle de violence continu dans le Kivu ? », s’interroge le patron de MSF. La question paraît fondée et, pour ne pas aggraver la confusion des genres entre agendas politique, militaire et humanitaire, « nous demandons aux forces armées, y compris la MONUSCO, dit-il, de ne pas déployer des troupes à proximité ou à l’intérieur de nos structures de santé, afin d’éviter que les patients et notre personnel ne deviennent des cibles dans ce conflit ».

Une demande légitime, à laquelle le lieutenant-colonel Basse, porte-parole militaire de la MONUSCO, a cru bon de répondre aujourd’hui, avec une arrogance qui cache mal l’embarras, « que la MONUSCO ne déploie pas ses troupes en fonction de l’emplacement de MSF, mais en fonction des besoins sécuritaires de la population »

[Source : l’Agence d’Information]

Mis en ligne par L’Agence d’information
 13/07/2013
 http://lagencedinformation.com/020-l-onu-devient-de-fait-une-partie.html
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Depuis plusieurs années, dans ce pays ravagé par la misère, on a pu voir l’action délétère du général Baillaud, instrumentalisant diverses milices et bandes armées à seule fin de déstabilisation, ceci prenant des proportions effrayantes, d’abord au Kivu, et maintenant au Kasaï, où les sbires de Kabila ne reculent devant aucun des sales procédés de la « guerre révolutionnaire » chère à l’armée française depuis les années 50.

Nous demandons ici solennellement le rappel du général Baillaud, ainsi que la fermeture immédiate de cette école militaire criminelle ouverte à Kinshasa sous votre responsabilité.

Nous dénonçons aussi le fait que la France – et l’Espagne [1] – aient osé bloquer toute protestation européenne, de même que la France paralyse l’ONU sur ce dossier depuis bien longtemps.

Nous demandons que la France renonce à sa fonction de « penholder » [2] au Conseil de sécurité, et rappelle au besoin son ambassadeur auprès de cet organisme, afin de permettre à la communauté internationale de regarder la situation plus impartialement.

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