Le général-major Chico Tshitambwe est CEMA (chef d’État-major des Armées) adjoint chargé des opérations au sein des FARDC, les Forces armées de la République démocratique du Congo. Rapportés dans l’édition du mercredi 22 au jeudi 23 février d’Africa News, ses propos intéressent à plus d’un titre.
Tout d’abord, en annonçant l’option guerrière et le refus du dialogue avec le M23 (Mouvement du 23 mars), ils contredisent les engagements dernièrement pris et réitérés par le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) lors du Mini Sommet sur la paix et la sécurité dans la région Est de la RDC du 17 février 2023 à Addis-Abeba, dont le communiqué final faisait état de la décision d’un cessez-le-feu immédiat établi par les chefs d’État et de gouvernement des 7 pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC).
Ainsi et en laissant déclarer le n°2 de l’Armée, dont il est « commandant suprême », que « la guerre contre le Rwanda nous allons la gagner », le président Tshisekedi « s’est enfermé dans un embrigadement et le durcissement : une rhétorique de non-négociation, une intransigeance fondée sur un fantasme, comme souligne l’analyste congolais Tite Gatabazi sur son compte Twitter, tout en ajoutant qu’« il signe des accords sachant pertinemment qu’il ne les respectera pas. Nul ne peut lui faire confiance. Peu fiable. ».
Néanmoins, ne doit-on pas se demander qui est le véritable capitaine dans le bateau ivre de la RDC ?
Le général Tshitambwe est l’un des officiers de la nouvelle génération montante formée à l’école de la contre-insurrection, et qui gravissent les échelons au sein des FARDC à l’ombre du tout-puissant patron de la Maison militaire du chef de l’État, le lieutenant-général François Ntumba Bwamwanda, dit Frank, un ancien kabiliste auquel les observateurs avertis prêtent le rôle d’éminence grise derrière toutes les décisions importantes du président.
Comme celle concernant le recours que Tshitambe affirme en grande pompe, mais sans donner plus de précisions, aux forces de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC, selon l’acronyme anglais) pour gagner la guerre contre le M23.
Ce qui suppose en même temps une prise de distance par rapport à la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EACRF), dont les agissements ne satisfont pas les faucons des FARDC qui espéraient son engagement offensif contre le M23.
Last but not least, la conclusion des affirmations de Tshitambwe (« Ça fait presque 25 ans que notre population dans la partie Est souffre beaucoup. Du massacre de Makobola jusqu’à celui de Kishishe, tout est documenté. Les massacres de l’Est portent un nom et une adresse. Tôt ou tard, les responsables vont payer ») est emblématique de l’« extrême politisation » de son discours, qui fixe une sorte de continuité génétique parmi les auteurs des crimes de masse qui, depuis 30 ans, ensanglantent l’Est de la RDC.
On y trouve la référence, ici implicite, aux Tutsi et, par extension, au Rwanda, référence qui se manifeste dans sa forme explicite à travers les propos et messages haineux, propres à ce narratif à visée négationniste propagé par les champions du racisme interlacustre.
Luigi Elongui