Interrompus le neuf juin, les pourparlers ont repris à Kampala, en Ouganda, entre les représentants du gouvernement de Kinshasa et la délégation du M23, opposition politico-militaire qui est installée dans la partie orientale du Nord Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Dans la première équipe, son chef, le ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda, est accompagné notamment par l’abbé Malu Malu, récemment élu à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et par François Mwamba, coordonnateur du Mécanisme nationale de suivi de l’accord cadre d’Addis Abeba (signé le 22 février dernier en Éthiopie par onze chefs d’Etat africains, en présence du secrétaire général des Nations unies et de trois organismes africains, et adopté comme base d’une solution pacifique du conflit).
Côté rebelles, René Abandi, président du groupe, est secondé, entre autres, par Stanislas Baleke, en charge du tourisme et de l’environnement dans les zones contrôlées par le M23, et par Kambasu Ngeve, négociateur principal.
Cependant, dans cette première journée, les échanges directs entre les deux parties n’ont pas eu lieu et le facilitateur, le ministre ougandais de la défense Crispus Kiyonga, s’est longuement entretenu avec les membres de la rébellion.
Tout en réitérant l’urgence de traiter les quatre points à l’ordre du jour – évaluation des accords du vingt-trois mars 2009 entre le gouvernement et la rébellion, alors nommée CNDP, questions sécuritaires, problèmes d’ordre social et bonne gouvernance – ces derniers ont tenu à approfondir avec la facilitation un certain nombre d’aspects politique sous-jacents qu’il faudrait, selon eux, clarifier pour arriver à un accord définitif.
De quoi s’agit-il ? Notre envoyé à Kampala nous rapporte que les délégués du M23 ont affirmé le caractère prioritaire de l’« intégration politique », qui, d’après eux, doit précéder l’« intégration militaire ».
« Nous avons exposé notre vision, en insistant particulièrement sur la nécessité de sortir du cliché du M23 comme ‘force négative’ et nous avons demandé une intervention du président ougandais Yoweri Museveni dans ce sens », a déclaré à l’Agence d’Information Stanislas Baleke.
Pour le mouvement de Bertrand Bisimwa et de Sultani Makenga – respectivement président et patron de l’armée du M23 – il s’agit de « calmer le jeu », alors que la partie gouvernementale s’est présentée dans la capitale ougandaise avec une attitude très expéditive.
« La finalité des pourparlers de Kampala, c’est de mettre fin à la rébellion du M23 », avait affirmé avant-hier en guise d’avertissement Tshibanda.
« C’est dans la logique des choses, souligne l’une de nos sources dans la région. Maintenant que la Brigade de l’ONU avec mandat offensif est presque opérationnelle, à Kinshasa on hausse le ton et on ne donne plus tellement d’importance aux négociations ».
En face, la prudence est de mise, mais sans manquer d’une certaine fermeté. « Le gouvernement ferait une erreur grave à sous estimer notre force », a prévenu hier Abandi depuis Bunagana, quartier général de la rébellion.
Toujours est il que pendant la nuit du 18 au 19, des importants mouvements de troupes ont eu lieu autour des positions tenues par le M23. Nombreux observateurs sur place on fait état d’éléments sud-africains de la Brigade, des FARDC et des FDLR.
A Rumangabo et dans les autres camps de la rébellion, les troupes du M23 sont en alerte maximale.
Ainsi, et malgré la reprise des pourparlers, la perspective d’un accord semble s’éloigner. Pour que les événements ne précipitent pas dans une reprise des affrontements, la facilitation a certes un rôle important à tenir.
Dans cette lutte contre le temps, l’activité diplomatique se fait intense dans la sous région. Hier, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, s’est rendue en visite éclair à Luanda, où elle a rencontré le président angolais Dos Santos.
Des efforts conjugués pour éviter le pire entre deux pays qui jouent le rôle de colombes dans l’actuelle crise.
Luigi Elongui