RDC : Chasse aux “Tutsi” pendant le recensement électoral au Kivu

20/02/2023
20/02/2023

Appels à “égorger”, purges dans l’appareil militaire, terreur dans les centres électoraux encouragée par les autorités : ces derniers jours, l’antitutsime radical se déploie ouvertement dans l’est de la RDC.

19/02/2023

Depuis trois jours, les attaques visant « Tutsi », Banyamulenge et autres « rwandais », assimilés comme tels par l’imaginaire raciste déchaîné en RDC, se multiplient dans les centres d’enrôlement des électeurs, dont les opérations ont été lancées le jeudi 16 février dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Aux centres d’identification de Mikeno et Ndosho dans la ville de Goma, fief des extrémistes tutsiphobes de la Lucha – mouvement « citoyen » qui a dérivé dans l’ethnicisme violent et la pratique des messages haineux –, de nombreux jeunes ont été empêchés de s’inscrire sur les listes électorales, car qualifiés de « Rwandais ».

Dans la commune proche de Karisimbi, sept personnes munies de carte d’électeur ont été tabassées et ont dû rebrousser chemin.

À Uvira, dans le Sud Kivu, les Banyamulenge, Tutsi des hauts plateaux de l’Itombwe, ont été menacés d’être brulés vifs s’ils osaient essayer de s’enrôler.

Tout cela se passe sans l’intervention d’aucune autorité nationale ou provinciale pour condamner ces actes de violence et de discrimination sur base communautaire.

Au contraire, le 8 février, un communiqué du gouvernorat militaire du Nord Kivu appelait « à la vigilance de tous les services de sécurité et les bureaux de la CENI déployés en Province, de tout mettre en œuvre afin d’empêcher aux intrus de s’enrôler pour s’octroyer frauduleusement l’identité rdcongolaise ».

Une rhétorique – celle des « intrus » –, qui renvoie à la tristement célèbre théorie de l’« infiltration » (des Rwandais), utilisée comme déclencheur des attaques contre les Tutsi.

Ainsi les violences racistes sont des actes appelés à être réitérés et non interdits, comme l’indique donc un texte officiel de l’autorité suprême de la province.

L’organisation de la Présidentielle à venir en fin 2023 est l’occasion d’une intensification de la chasse aux Tutsi congolais dans la bande orientale de la RDC, et celle-ci se développe constamment, sans répit.

À Bukavu, capitale du Sud Kivu, les maisons du général Bolingo et des colonels Makangila et Bisetsa, tous Banyamulenge, ont été perquisitionnées. L’équipement de service des deux premiers a été pris et l’escorte du colonel Bisetsa a été arrêtée.

Il y a une semaine à Goma, le major Ruvugirwa de la Police nationale congolaise (PNC) a été arrêté par les renseignements congolais (ANR) et accusé de faire partie de la rébellion du M23 en tant que Tutsi.

Toujours au Sud Kivu, un haut cadre d’un groupe armé allié de l’armée nationale (FARDC) a déclaré ouvert le nettoyage ethnique des Banyamulenge, « ces bouviers banyarwanda dont on ne veut pas en RDC »...

Sur un compte Whatsapp d’un militant de la Lucha, Shabani Loswire, on promet de sensibiliser tous les groupes armés Maï Maï pour qu’aucun Tutsi Munyamulenge ne reste en RDC.

Il y a quelques jours, un officier de la coalition réunie autour des FARDC exhortait les Rwandophones membres du gouvernement, de l’administration ou de simples éleveurs à quitter le pays... s’ils ne voulaient pas être égorgés.

Des prodromes de la guerre civile à la guerre civile sur base raciale en acte, il n’y a qu’un pas et, visiblement, il est en train d’être franchi.

L. Elongui

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 20/02/2023
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Morceau d’anthologie, l’article de Colette Braeckman, publié sur son blog. D’après l’armée congolaise, les attaques en cours dans le Beni seraient le fait d’une alliance de Maï Maï et de l’ADF-Nalu ougandaise, nous dit-elle. Mais elle y voit néanmoins confirmation de la prédiction du gouverneur Julien Paluku : celui-ci annonçait que des Shebbabs attaqueraient.

Plus sérieusement, un rapport de l’ONU, daté du 20 juin 2013, décrit les troupes de l’ADF sans évoquer de shebbabs – mais n’en est pas moins ajouté comme éléments à charge. De toutes façons, cette présence serait confirmée par les "services d’informations burundais et ougandais" et par des "sources policières" congolaises.

Mais "d’autres sources policières", interrogées par Braeckman, "mettent également en cause le mouvement M23"… Une "preuve" ? Le chef du département jeunesse du M23, Ali Musagara, serait "de confession musulmane". Il aurait ainsi non seulement des prédispositions pour le djihad international, mais de plus des "facilités pour recruter au sein de sa communauté". Pire encore : "le président de la communauté musulmane du Nord Kivu serait proche du M23"...

La journaliste note entre parenthèses que "la communauté musulmane de Goma connaît une rapide expansion". Ainsi, contre le M23 l’antitutsisme ne suffit plus – il est vrai que la plupart de ses membres ne sont pas Tutsi –, la xénophobie anti-rwandaise marche moyennement – il s’agit manifestement d’un mouvement nationaliste congolais. Alors ils pourraient aussi bien être islamistes ?

Il ne manquait plus que cette plume à l’épouvantail parfait que la propagande dresse par touches pour tenter de justifier de cette guerre injustifiable.

L’Agence d’Information

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 14/07/2013