« Plus d’un million de civils vivent dans la région relativement étroite de Goma et Saké, ainsi que le long de la route qui relie ces deux localités… Depuis la mi-mai, cette région a connu des attaques répétées menées par le M23 contre les positions des FARDC, dans une tentative apparente de progresser sur Goma et Saké. Lors de ces attaques… le M23 a tiré indistinctement… causant des victimes parmi les civils… Ces menaces indirectes seront repoussées hors du territoire de Goma par la zone de sécurité, qui pourra être élargie et reproduite ailleurs, le cas échéant. Compte tenu du risque élevé que ces attaques font peser sur la population civile de la région de Goma et Saké, la MONUSCO appuiera les FARDC dans leurs efforts d’établir une zone de sécurité à Goma et dans les localités situées au nord de la ville. A compter de mardi 30 juillet à 16 heures, un délai de 48 heures sera accordée à toute personne dans la région ne faisant pas partie des forces de sécurité nationales pour rendre ses armes… Dépassé jeudi 1er août à 16 heures, lesdites personnes seront considérées comme une menace imminente de violence physique envers la population civile, et la MONUSCO prendra toutes les mesures nécessaires, y compris l’usage de la force, pour les désarmer… Cette opération qui vise à imposer une zone de sécurité sera constituée, pour la première fois, des éléments de la Brigade d’intervention de la MONUSCO qui travailleront conjointement avec la Brigade du Nord-Kivu de la Mission ».
En date 30 juillet 2013, le communiqué de presse CP/OSMR/ 300713 de la mission onusienne en RDC annonce la guerre que la fameuse Brigade d’intervention, établie par la résolution 2098 du 28/03/2013 du Conseil de sécurité (CS) des NU, va porter, d’ici à deux jours, aux forces du M23, mouvement d’opposition politico-militaire au gouvernement de Kinshasa.
Il fait suite à la fin de l’offensive conduite à partir du 14 juillet par la coalition FARDC-Forces génocidaires (FDLR), appuyé par la MONUSCO, soldée par un échec des forces régulières qui n’ont pas progressé face aux positions tenues par les insurgés.
Un véritable ultimatum, où les éléments de désinformation et de manipulation sont consubstantiels à la transformation spectaculaire des missions de paix des Nations unies en opérations militaires offensives.
Si, contrairement à ce qui a été enfin relaté par les médias internationaux, on attribue les combats démarrés le 14 dernier aux attaques répétées menées par le M23, cette contre-vérité doit être l’une des motivations posées préalablement au déclenchement d’une offensive qui pourrait provoquer l’embrasement de la sous région. Entre Kigali et Dar es Salaam, la tension est au diapason et la présence des soldats tanzaniens au sein de la Brigade d’intervention qui va agir en proximité de la frontière rwandaise laisse imaginer des développements inquiétants.
Dans le même sens, le risque élevé que ces attaques font peser sur la population civile fait désormais partie des formules classiques employées pour justifier la nécessité de l’intervention à venir. L’expression s’inscrit dans la logique du fameux R2P (responsabilité de protéger), concept adopté en 2005 par l’ONU qui, en escamotant les anciennes clauses restrictives pour l’usage de la force fixées par la Charte des Nations unies, sanctionne le droit à la guerre et à l’ingérence, ainsi que l’évolution en machine militaire de l’organisation siégeant au Palais de Verre.
La manipulation de l’opinion y est systématiquement au rendez-vous. Comme dans ce cas, où la menace imminente de violence physique envers la population civile est évoquée suite au silence assourdissants qui, de la part de l’ONU, a accompagné et validé le bombardement délibéré de la part des FARDC d’un village proche du camp militaire de Rumangabo du M23, avec un grand nombre de victimes, dont femmes et enfants, au sein de la population. Et au lieutenant général Carlos Alberto dos Santos Cruz, commandant de la MONUSCO, de signer l’acte d’approbation du massacre : « J’aimerais féliciter les FARDC pour leurs actions au cours des dernières semaines ».
Quoi qu’il en soit, selon la lettre onusienne, et à partir de vendredi 2 août, les armes vont probablement gronder sur la route Goma-Saké, où le colonel Youssuf Mboneza tient les défenses du M23 sur les hauteurs de Mugunga.
La collaboration avérée entra la Brigade d’intervention de la Monusco et les Forces génocidaires – Rwanda Focus vient de publier les extraits du Rapport d’évaluation hebdomadaire de la Monusco qui en fait état – est la marque saillante de la dérive tragique des Nations unies.
Le territoire que la même Brigade d’intervention se prépare à envahir est densément peuplé par des communautés rwandophones, déjà objet de persécutions et d’actes d’extermination. La « disparition » du M23, préconisée officiellement par le ministre congolais des Affaires étrangères (pour cause de "signature génétique"…) et officieusement par les autorités françaises dans leurs points de presse au Quai d’Orsay, s’accompagnera-t-elle à d’un nouveau génocide, dix neuf ans après, dans la même région, contre les mêmes gens et par les mêmes acteurs ?
[Source : l’Agence d’Information]