RDC. Sanctions (2) : Paris quitte et… double

23/05/2017
23/05/2017

Cédant aux pressions anglaises, la France aurait finalement accepté que le puissant patron des renseignements congolais, son protégé, soit inclus parmi les officiels soumis aux sanctions, mais à la place du général Mundos…

23/05/ 2017

Le correspondant de l’Agence d’information (AI) à Bruxelles nous rapporte que, suite aux derniers développements du débat entre Etats membres dans la commission pour les sanctions de l’Union européenne (UE) concernant la république démocratique du Congo (RDC), le représentant de la France aurait finalement cédé aux pressions anglaises pour que Kalev Mutond – le chef des renseignements de Kinshasa – soit blacklisté [lire l’AI du 21/05, RDC. Sanctions : Kalev or not Kalev].

La discussion aurait été laborieuse. Paris aurait exigé en contrepartie la levée du nom – qui figurait dans la liste – du général Akilimali Muhindo, dit Mundos. Ce dernier a été plusieurs fois cité, autant dans les rapports de l’ONU que par des Ong indépendantes, comme l’un des organisateurs et exécuteurs des massacres de civils à Beni, dans l’Est de la RDC, entre octobre 2014 et décembre 2016.

Il est actuellement en service au Kasaï, où ses hommes – les tristement célèbres Hiboux – sont à nouveau à l’œuvre dans le bataillon créé par le Général Delphin Kahimbi [Voir l’AI du 10/05, [RDC/Kasaï. Le bataillon « gris » de Kananga–>http://www.lagencedinformation.com/111-rdc-kasai-le-bataillon-gris-de.html]], responsable d’exactions contre les populations, victimes, selon le Bureau conjoint aux droits de l’Homme des Nations unies (BCDHNU), de nombreuses exécutions extrajudiciaires.

Les modalités de cet échange, qui témoigne d’un certain malaise de la maison de Bruxelles dans ses relations avec le gouvernement congolais, auraient été suggérées au délégué français par les renseignements de son pays, soucieux de préserver un homme agissant au cœur de l’engrenage répressif en RDC.
La prolongation de ces tractations retarde aussi la publication et l’application des sanctions, que tous les membres de la Mission sur place – où règne une fébrilité accentuée par les derniers événements (assassinat des deux experts des Nations unies, évasions…) – ne voient pas de bon œil.

L’Agence d’information

Mis en ligne par L’Agence d’information
 23/05/2017
 http://lagencedinformation.com/114-rdc-sanctions-2-paris-quitte-et.html
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Morceau d’anthologie, l’article de Colette Braeckman, publié sur son blog. D’après l’armée congolaise, les attaques en cours dans le Beni seraient le fait d’une alliance de Maï Maï et de l’ADF-Nalu ougandaise, nous dit-elle. Mais elle y voit néanmoins confirmation de la prédiction du gouverneur Julien Paluku : celui-ci annonçait que des Shebbabs attaqueraient.

Plus sérieusement, un rapport de l’ONU, daté du 20 juin 2013, décrit les troupes de l’ADF sans évoquer de shebbabs – mais n’en est pas moins ajouté comme éléments à charge. De toutes façons, cette présence serait confirmée par les "services d’informations burundais et ougandais" et par des "sources policières" congolaises.

Mais "d’autres sources policières", interrogées par Braeckman, "mettent également en cause le mouvement M23"… Une "preuve" ? Le chef du département jeunesse du M23, Ali Musagara, serait "de confession musulmane". Il aurait ainsi non seulement des prédispositions pour le djihad international, mais de plus des "facilités pour recruter au sein de sa communauté". Pire encore : "le président de la communauté musulmane du Nord Kivu serait proche du M23"...

La journaliste note entre parenthèses que "la communauté musulmane de Goma connaît une rapide expansion". Ainsi, contre le M23 l’antitutsisme ne suffit plus – il est vrai que la plupart de ses membres ne sont pas Tutsi –, la xénophobie anti-rwandaise marche moyennement – il s’agit manifestement d’un mouvement nationaliste congolais. Alors ils pourraient aussi bien être islamistes ?

Il ne manquait plus que cette plume à l’épouvantail parfait que la propagande dresse par touches pour tenter de justifier de cette guerre injustifiable.

L’Agence d’Information

Mis en ligne par L’Agence d’information

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