RDC Congo Chaos en gestation à l’Est

30/03/2015
30/03/2015

Derrière l’opération, les réseaux d’élite politico-économiques liés au gouvernement et certains haut gradés proches de la maison militaire du chef de l’Etat.

DRC Congo Chaos in gestation in the East

A coalition of armed groups has been created in the North Kivu

Behind this operation, the networks of the economic and politic elite linked to the government and some high rank officers which are closely related to the military house of the head of state

30/ 03 / 2015
Deux semaines après la naissance d’une coalition de milices opérant dans le Nord Kivu, dans l’Est de la république démocratique du Congo (RDC), les objectifs de cette nouvelle alliance ne sont pas clairs alors que les violences et l’insécurité progressent avec les déplacements des populations.
Selon nos informations, venant surtout de l’asbl (association sans but lucratif) Action pour la protection des droits humains et du développement communautaire (APDHUD), de notre correspondant au Nord Kivu et d’une source proche de la présidence de la république, le promoteur de cette initiative est le général autoproclamé Janvier Buingo Karairi, leader de l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS). Ce mouvement - issu en majorité de la communauté hunde - s’est mis en évidence pendant la guerre du 2012/2013 en participant aux combats contre le M23 à coté de l’armée régulière (FARDC), de la Brigade des NU et des FDLR.
La cérémonie de ralliement de ces groupes a eu lieu le 16 mars dernier à Remeka, dans le territoire de Masisi. Avec l’APCLS, étaient présents le Maï Maï Kifuafua, les Maï Maï Kirikicho et les Raia Mutomboki de Kalehe et de Walikale. D’autres « invités », comme les Maï Maï Simba et les Kifuafua de Walowaloanda, ne se sont pas rendus à la rencontre à cause de divergences sur l’attribution des postes dans l’organigramme de la coalition. Le général autoproclamé Maachano, Maï Maï Kifuafua de l’ethnie Tembo, a été nommé commandant de l’alliance et Karairi son second. Le rôle de chef d’Etat major a été attribué à Katabilao, un chef milicien mutembo venant d’Ufamandu, toujours dans le Masisi.

Toutes ces bandes armées, responsables de nombreuses exactions, atrocités et kidnapping contre les populations civiles, agissent comme support militaire des réseaux d’élites politico-économiques de la province, dont certains membres siègent au parlement et dans le gouvernement. De surcroît, « divers acteurs politiques se rallient à ces groupes armés pour se positionner et cela dans le cadre d’un véritable trafic d’influence », déclare l’un des membres de l’aslb APDHUD.
Pendant la réunion de Remeka, qui a été établie à siège de l’Etat-major, les participants ont affiché parmi les objectifs de la coalition la revendication des accords pris dans le passé avec le gouvernement, la lutte « contre toute agression des Rwandophones » et contre les « attaques des forces gouvernementales », l’exploitation des « minerais dans leurs zones respectives afin de se ravitailler en armes et munitions », et « préparer et accompagner les politiciens de leur communauté pendant les échéances électorales ».

Selon notre source proche de la présidence de la république, la réussite de l’initiative prise par Janvier Karairi est due aux liens de son mouvement, l’APCLS, qui est l’une des milices de l’Est parmi le plus soutenues sur le plan politique local et national. Au Nord-Kivu, on cite parmi ses parrains le vice-gouverneur Feller Lutahichirwa et le général Akili Muhindo, dit Mundos, les deux appartenant à la même communauté hunde.

Feller
Général Mundos
Janvier Karairi (APCLS)

Trois jours après la constitution de l’alliance et selon Magloire Paluku de Radio Kivu 1, des combats ont opposé dans le territoire de Walikale les FARDC aux troupes de Karairi qui agissent en connivence avec les rebelles hutu rwandais des FDLR. Ces dernières ont fait à nouveau leur apparition à Masisi, où elles ont réoccupé les villages auparavant abandonnés suite à des accords pris avec l’armée régulière. Selon l’agence de presse chinoise Xinhua, « les habitants du territoire de Masisi n’ont plus accès à leurs champs et la plupart d’entre eux ont abandonné leurs habitations afin de trouver refuge dans les grandes cités de Rutshuru ».
L’Agence d’information reviendra sur ces événements pour une analyse de ce chaos en gestation en relation aux échéances électorales et à la stratégie du chef de l’Etat pour se maintenir au pouvoir après 2016.

Luigi Elongui

Mis en ligne par L’Agence d’information
 30/03/2015
 http://lagencedinformation.com/089-rdc-congo-chaos-en-gestation-a-l.html
Sauf mention contraire, droits de reproduction et diffusion autorisés selon la licence Creative Commons Attribution BY-SA 4.0

La Nuit rwandaise 11 - Volume 1 | La Nuit rwandaise 11 - Volume 2

LE TARTUFFE OU L’IMPOSTEUR / ARCHIVES & TÉMOIGNAGES / LES FAITS SONT TÊTUS / DOCUMENTS / NEGATIONNISME ET EGLISE / RWANDA, DEMAIN / LA NUIT BURUNDAISE / LA NUIT CONGOLAISE / DOCUMENTS / DOSSIER DGR / RWANDA, ILS ECRIVENT / REMERCIEMENTS


 En savoir plus

 En images

Zip 292.5 ko

 general_mundos.zip

Zip 166.1 ko

 feller.zip

Voir aussi

RDC/Kasaï. Kananga, ville martyre

 Des crimes de guerre et contre l’humanité sont commis par les forces de sécurité engagées contre la rébellion de Kamuina Nsapu. Les tueurs profitent de (...)

Des crimes de guerre et contre l’humanité sont commis par les forces de sécurité engagées contre la rébellion de Kamuina Nsapu. Les tueurs profitent de l’impunité et également de l’aveuglement de la « communauté internationale ».

Mis en ligne par L’Agence d’information

 3/04/2017

Des unités de l’armée congolaises impliquées dans le massacre de (...)

 Échafaudée par le pouvoir, la thèse de la responsabilité des rebelles ougandais de l’Alliance des forces démocratiques (ADF) dans les massacres du Grand Nord est (...)

Échafaudée par le pouvoir, la thèse de la responsabilité des rebelles ougandais de l’Alliance des forces démocratiques (ADF) dans les massacres du Grand Nord est démentie par un grand nombre de témoins, observateurs et analystes. Il s’agirait plus probablement d’une diversion, instrumentalisée par Kabila pour détourner l’attention du débat sur la réforme constitutionnelle, et permettant d’écarter les controverses sur la traque sans cesse reportée contre les FDLR. La mise à l’écart du général Mundos, considéré comme un des maîtres d’œuvre du massacre, avait été demandée par la population qui voit maintenant cette sanction comme une confirmation de l’implication de l’armée dans les atrocités.

Scaffolded by DRC’s government, the theory of Ugandan rebels of the Allied Democratic Forces (ADF)’s liability in the massacres of the Far North is contradicted by many witnesses, observers and analysts. It most likely would be a diversion, exploited by Kabila to distract the debate on constitutional reform, and to rule out the controversy on the hunt constantly postponed against the FDLR. The sidelining of General Mundos, considered as one of the prime contractors for the massacre had been requested by the people who now see it as a confirmation of army’s involvement in the atrocities.

Mis en ligne par L’Agence d’information

 2/11/2014

Suspension du droit pour le M23

 La faillite de la stratégie du rapatriement forcé des anciens rebelles met en évidence toutes les limites de la diplomatie occulte qui ne contribue pas à la (...)

La faillite de la stratégie du rapatriement forcé des anciens rebelles met en évidence toutes les limites de la diplomatie occulte qui ne contribue pas à la pacification de l’Est de la RDC.

The suspension of the rights for the M23
The logics of the "secret accords"
The failing of the strategy of the forced repatriation of the former rebels shows out the limits of the occult diplomacy, which does not contribute to peace in Est-DRC.

Mis en ligne par L’Agence d’information

 17/12/2014