RDCongo. Quand la Communauté Internationale comprendra-t-elle (ou mieux, acceptera-t-elle) la situation de la République démocratique du Congo ?

5/03/2015
5/03/2015

L’Agence d’information présente ici en exclusivité un document explosif. Il s’agit de la réflexion critique, signée par un pseudonyme, d’un officiel de la MONUSCO, la mission des Nations unies au Congo démocratique, sur l’attitude et les choix des acteurs internationaux de la crise congolaise. Tout en remettant en question pas mal d’idées reçues, le texte jette une lumière troublante sur les relations de Kinshasa avec ses partenaires et pose des questions brûlantes sur l’avenir d’un pays qui n’arrive pas à sortir d’une zone de hautes turbulences

The agence d’information presents an exclusive and explosive document. It is some critical thoughts, signed under a pseudonym, by an official of the MONUSCO, the mission of the United nations in the Democratic republic of Congo, and is about the attitude and the choices of the international protagonists of the Congo crisis.

Généralement, en tant que Communauté internationale, nous nous retranchons derrière une analyse simpliste fondée sur une perspective biaisée de "supériorité occidentale", une perspective qui permet à la RDC de jouer son rôle de victime vis-à-vis de l’extérieur du pays dans les grandes instances internationales. Au niveau interne, par contre, le discours, porté généralement par Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, est sur un autre registre : il est beaucoup plus fanfaron, plus arrogant et utilise un ton à la limite de l’injure, apprécié par certains Congolais.
La RDC a donc fait une campagne de séduction vis-à-vis de la Communauté internationale et des chancelleries occidentales par le biais de certains acteurs comme le premier ministre Matata Ponyo ou d’autres qui jouent le rôle des colombes. Le pays s’est confortablement mis dans la position de victime et a joué le rôle du pays "sans orgueil" qui doit être soutenu par la Communauté internationale pour pouvoir survivre. Cette posture dure aussi longtemps que le pays a besoin d’appui sans condition.
Dès que la crise est passée, les faucons prennent le relais et le discours change. Le pays passe magistralement d’un registre à l’autre. Une stratégie qui lui a, entre autres, permis de convaincre la Communauté internationale de considérer le M23 -une opposition politico-militaire qui occupait une petite portion de territoire en dépit de ses postures et de ses déclarations- comme un groupe militaire à combattre en priorité et à mettre sur la liste noire des Nations Unies. La RDC est arrivée (avec peut être l’appui des quelques états européens complaisants…) à faire mener une guerre à sa place, tout en réussissant le tour de force de se faire passer pour le vainqueur militaire. De plus, elle est arrivée à faire passer en deuxième plan les FDLR -le groupe extrémiste rwandais dirigé par anciens responsables du génocide de 1994- et à faire combattre le M23 qui était la seule et réelle opposition aux mêmes FDLR en RDC. La raison même de la création du M23 a été le non-respect des accords de Ihusi qui, comme les actes d’engagement de Goma de 2008, avaient comme l’un des points principaux la lutte aux FDLR.
Ce "double jeu" fonctionne très bien au sein du système, même dans le contexte de la crise actuelle de l’après 19 janvier : les colombes déclarent n’avoir pas été impliquées dans les diverses décisions impopulaires (coupure de l’internet, interdiction des sms, arrestations des opposants, etc.), rejetant la responsabilité sur les faucons. Et, fidèle a lui-même, Kabila se mure dans le silence et règne. Kabila est totalement à la manouvre sur les deux facettes et il est le chef d’orchestre de ce double jeu.
En interne, le système Kabila est basé sur la courtisanerie, comme malheureusement la plupart des systèmes de pouvoirs en Afrique, mais pas seulement. Le Président a créé un système de patronage et de clientélisme dans lequel même les ténors du régime, faucons comme colombes, s’inclinent…

Mais qui est Kabila réellement ? Quelles sont les caractéristiques que lui permettent de rester au pouvoir depuis 14 ans ?
Le personnage arbore l’attitude de la victime pour camoufler sa vraie nature qui est celle d’un tyran. Il a la capacité d’avaler sa dignité et d’attendre les bons moments. Il est d’une intelligence différente de celle normalement reconnue aux hommes politiques.
Le seul fil qui l’unissait à son peuple c’était la haine vis-à-vis de Rwanda, grâce au discours mobilisateur contre les rébellions peu ou prou soutenues par le voisin oriental de la RDC. Depuis la fin de la rébellion du M23, ce discours ne fonctionne plus et les ponts se sont rompus entre Joseph Kabila et les Congolais. Pour essayer de renouer ces liens, il recourt aux expédients, comme cette visite en Guinée équatoriale pour voir l’équipe nationale de football engagée dans la campagne de la CAN, plutôt qu’assumer son rôle de chef d’Etat en participant au sommet de l’Union Africaine, ou en rendant visite aux victimes des violences à Aru, en Ituri. Peut-être même que sa présence n’était pas nécessaire au sommet de l’UA.
La force du président congolais ne réside donc pas dans l’intelligence mais dans le caractère. Ce ne sont pas les aptitudes qui font sa différence mais les attitudes (un caractère volontiers mystérieux, des manières indéchiffrables, etc.).
Il n’impressionne pas sur les aptitudes mais il sait très bien ce qu’il faut faire avec tous les gens aux beaux discours. Et il continue à nous le démontrer…
On ne peut pas négocier avec lui car il négocie seulement quand il est en état de faiblesse. Il est aussi vindicatif.
Il est également intéressant de noter que Kabila est arrivé à bien se servir de l’un des héritages du système Mobutu où le peuple ne lui demande rien en termes des services, conformément à ce fameux et célèbre « Article 15 1 » bien connu des congolais et trop bien approprié par eux et passant de génération en génération. Ainsi, paradoxalement, Kabila n’a pas besoin de beaucoup d’argent ; il a juste besoin de la quantité nécessaire pour acheter les élites sans être obligé de fournir des services au peuple congolais. La Communauté internationale s’en charge, comme elle s’est chargée de mener sa guerre contre le M23. En définitive, en se substituant à l’Etat congolais, la Communauté internationale s’avère être le meilleur allié du régime et du tyran, en dépit de tous les discours. Quelle est la limite entre appui et complicité ?
Quels sont les éléments qui pourraient déstabiliser Kabila ?
1. l’absence de guerre
2. des discours qui lui posent des problèmes
3. et peut-être le plus important, c’est que l’opinion occidentale pourrait arriver à être choquée par ses actes.
Comment est-il en train de pallier à ces trois menaces ?
Pour le premier il est en train de créer des foyers de tension (Beni, etc…) et pour les deux autres aspects, il n’hésite pas à couper son pays du reste du monde et à isoler les Congolais les uns des autres (arrestations, interdiction des réseaux sociaux, brouillages des médias, etc.). Le rôle de la Communauté internationale est ici d’une très grande importance. Jusqu’ici elle n’a fait que de timides interventions critiques contre le régime Kabila tout en étant convaincue de sa propre supériorité. Elle est convaincue, et en particulier la France, de manipuler Kabila, mais en réalité c’est l’inverse.
Kabila paradoxalement est l’homme forte même dans la sous région, il sait que la priorité absolue de la Communauté internationale est l’unité du pays, il sait qu’il peut brandir la balkanisation comme menace et que la CI va se ranger en ordre de bataille pour défendre la RDC de ce risque en le défendant aussi.

Les stratégies possibles de Kabila pour surmonter les tensions et rester au pouvoir.

Quelles peuvent être alors les stratégies de Kabila ? Pour lui la situation est complexe ; il doit en même temps garder la présidence et donc la totalité du pays sans pour autant perdre l’appui du Katanga.
Il a trois scenarios possibles :
1. La réforme constitutionnelle qui puisse lui permettre de se présenter pour un troisième mandat.
2. Le choix d’un dauphin
3. Le renvoi des élections
Nous analysons ici ces trois différents scénarios.
Le premier scénario.
A première vue, il pourrait sembler dépassé, mais la situation est différente de celle qui apparaît à première vue. L’approbation de la nouvelle loi électorale sans un article contesté a fait que la population de Kinshasa ne continue pas à manifester.
Mais le pouvoir sait que ce répit n’est que provisoire et il va le mettre à profit pour mieux organiser la police et plus généralement les services sécuritaires ; rien n’indique en effet que le régime ne va pas continuellement utiliser la violence. Les signes avant-coureurs sont déjà présents. Les achats des chars en provenance de l’Ukraine au cours du mois d’octobre 2013 et arrivés à Kinshasa montrent bien que la stratégie était en préparation depuis longtemps. Les chars fournis à la Garde républicaine étaient destinés à tirer sur la population de Kinshasa et pas sur l’ennemi habituel qui était le Rwanda ou plus généralement l’est de la RDC, comme une partie de la Communauté internationale a bien voulu le croire. Les jeux ne sont pas encore conclus. L’opposition reste divisée et n’arrive pas à avoir une position commune. Elle est déjà en train de penser qui doit être le successeur de Kabila au lieu de mettre en place des stratégies efficaces pour le faire partir.
L’église catholique est pour le moment le point de repère le plus important et le plus cohérent. Néanmoins, même à l’intérieur, elle n’a pas une position monolithique. Un certain nombre d’évêques soutiennent clairement le pouvoir en place ; l’évêque de Butembo est un des exemples. En totale contradiction avec les consignes de son Eglise, Mgr Sikuli Melchisédech a ainsi permis à l’un de ses abbés, Apollinaire Malumalu, de présider la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
La majorité présidentielle elle aussi est divisée ou apparaît comme telle : entre les soi-disant faucons d’un côté qui soutiennent et poussent Kabila à une position dure et intransigeante, et les soi-disant colombes qui poussent vers une transition en douceur. Les deux positions sont beaucoup plus deux facettes de la même médaille, qui est celle de la conservation du pouvoir et des avantages, plutôt que des positions politiques. Le Premier Ministre Matata Ponyo se positionne vis-à-vis de la communauté internationale comme étant une colombe, ou mieux "la colombe par antonomase". Il déclare n’avoir pas choisi les ministres de son propre gouvernement. A ce sujet, il aurait confié à un ambassadeur que seul un ministre était de son choix, le reste des noms ayant été imposé par la présidence. Il aurait aussi déclaré que ce gouvernement ne répondait pas aux recommandations des concertations nationales, avant d’avouer ne pas gérer le pays. S’il en est ainsi, il y a lieu de se demander la raison qui pousse la Communauté internationale mais aussi l’Union européenne à considérer le Premier Ministre comme un interlocuteur pour le dialogue politique en RDC.
Par contre, les raisons qui poussent Matata Ponyo à s’accrocher à son poste semblent être plus évidentes : il doit rester à sa place pour des questions d’argent tout en jouant le rôle de la victime qui se positionne dans un futur proche comme une alternative possible au système actuel. Et il arrive à jouer ce petit jeu en gardant une position privilégiée dans l’attribution de tous les marchés publics (on l’appelle aussi l’homme du 25%, c’est-à-dire la commission qui percevrait sur les marchés publics) et, quand il y des options du gouvernement qui pourraient être jugées négativement par la communauté internationale, il déclare "angéliquement" n’être pas au courant. Il a déclaré, par exemple, qu’il n’était pas informé de la coupure des services SMS et de l’Internet, décidée, selon lui, par les services des renseignements. Néanmoins, il n’a manifesté aucune intention de se battre pour la restauration efficiente des communications.
Les SMS et l’Internet n’ont pas été s assurés dans le pays pour plus de deux semaines. Matata a lancé un cri d’alarme vis-à-vis de la communauté internationale ; cri qui semble être assez hypocrite. Il connaît mieux que les autres le système et le régime dans lesquels il évolue. Il connaît les silences de Kabila mais aussi et surtout il reste dans le système car ce système lui rend des services. La demande d’aide à la communauté internationale le positionne favorablement pour son futur le cas où Kabila ne réussirait pas dans sa stratégie de rester président de la république. Il sait très bien qu’il ne peut pas être choisi comme dauphin par Kabila et encore moins par l’opposition. Mais Matata Ponyo pourrait bien être le dauphin de la Communauté internationale. Sa stratégie est celle de se garantir l’appui de la Communauté internationale pour son futur, tout en s’assurant un confortable présent.
Plus généralement, les colombes, ou mieux les soi-disant colombes, sont des acteurs qui font semblant de vouloir descendre du bateau avant qu’il ne coule, tout en restant au timon…. Les colombes ont appuyé jusqu’à hier la stratégie de Kabila et actuellement ils sont en train de se démarquer du régime en place aux yeux de la Communauté internationale, mais en réalité ils restent à leurs places juteuses…. Elles ne s’expriment pas par rapport à une vision politique ni à un éventuel programme, mais seulement par rapport aux stratégies sur les élections ; elles ne le font jamais en public, mais seulement dans les réunions en tête à tête avec les ambassadeurs, comme s’elles étaient dans le confessionnal des « représentants de la Communauté internationale ».

La deuxième stratégie de Kabila pourrait être celle d’identifier un dauphin. Il a compris qu’il y a plusieurs acteurs qui voudraient être nommés comme dauphins, ce qui rend cette stratégie la plus difficile à mettre en œuvre pour le moment. Il doit trouver quelqu’un qui soit en même temps accepté par sa majorité et par le Katanga. Il est donc dans une situation difficile par rapport à cette stratégie. Il pourrait identifier comme dauphin Moïse Katumbi, cela rassurerait le Katanga, mais ce choix serait difficilement apprécié par le reste de sa majorité. Il est à noter que Moïse Katumbi n’a jamais démissionné de la majorité présidentielle ; il a critiqué, même fortement, la possibilité d’un troisième mandat, sans pour autant se prononcer sur sa démission de la majorité présidentielle, sans donc prendre de distance réelle. On pourrait s’interroger s’il n’est pas en train de prendre des cours de Kabila sur la stratégie du silence….
Au sein de la même majorité, par exemple, Evariste Boshab, Secrétaire Général du PPRD, Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur, semble vouloir lui aussi se positionner en tant que dauphin. Le principal point faible de Katumbi semble être de ne pas avoir les contacts nécessaires au sein des services de sécurité : police, armée, service des renseignements. Le général katangais John Numbi, le seul qui pourrait dans un certain sens "contrecarrer" Kabila par les relations et l’influence qu’il a maintenues au sein des services de sécurité, garde lui aussi un silence remarquable.
La majorité présidentielle est trop divisée pour accepter un dauphin. De l’autre côté Kabila a peur pour sa sécurité aussi bien physique que financière. Il ne peut pas se permettre de quitter le pouvoir sans des assurances très fortes en termes de sécurisation de ses investissements autant que de sécurisation juridique. C’est pour cela que Vital Kamere dans ses discours se veut rassurant par rapport à ces deux aspects. Cela vaut à l’ancien président de la chambre basse des critiques de l’opposition, dont il fait pourtant partie.

La troisième stratégie c’est celle du renvoi des élections. Ce renvoi peut se faire de deux manières différentes. La première est le glissement du calendrier électoral.
Pour cela, sa stratégie semble déjà en marche. L’opposition semble se laisser convaincre par la communauté internationale par rapport à l’éventuel dialogue sur les élections. La pression sur place des chancelleries vis-à-vis de Kabila semble être en voie de diminution. Pour le moment nous assistons au silence de la communauté internationale et de l’opposition. Laisser le pays sans l’Internet et sans SMS (les SMS avaient été bloqués déjà en 2011 pendant les élections et plus précisément pendant les dépouillements) ne semble pas concerner la Communauté internationale. Aucune "menace" n’a été faite par rapport à la coopération. Face aux violences contre le peuple, face à la diminution de la liberté d’expression, la Communauté internationale fait semblant de ne pas mesurer la gravité des choix du régime. Dans ce contexte l’Union européenne, par exemple, a lancé un appel d’offres pour l’appui à la réforme du secteur de la sécurité et en particulier de l’armée. Elle n’a pas pensé un seul instant à retarder ces dossiers. Les messages au pouvoir restent très clairs : " Nous travaillons avec vous sans conditions et soutenons votre régime". Il n’y a pas d’importance que le régime soutienne un tyran ? La seule chose importante c’est maintenir le dialogue politique ouvert. Peu importe que ce dialogue soit une mascarade… La Communauté internationale sait pourtant pertinemment qu’elle est en train de parler soit avec des personnes qui n’ont pas le pouvoir de décider soit avec des personnes qui sont en train de l’instrumentaliser.
La limite entre ce dialogue politique et le soutien d’un tyran est très fluide.
Kabila connaît très bien le jeu du silence et de l’attente. Il est capable d’attendre des mois, il sait que le temps joue en sa faveur. Il profite de ce temps supplémentaire pour organiser les services de sécurité. Car il est conscient que, si la stratégie du glissement ne fonctionnait pas, il pourrait aller vers la stratégie du chaos. Stratégie qui est sa deuxième solution.
Comment aller vers la stratégie du chaos ? Dans ces cas aussi, il a plusieurs options. Créer des noyaux de tension un peu partout dans le pays, tout en faisant croire à la communauté internationale (qui veut bien le croire) qu’il est sous la menace des groupes armés et en particulier étrangers, encore plus redoutables que le M23. Cela lui vaudrait un appui inconditionnel même quand il met à la tête de son armée des généraux qui sont classés comme rouges par les systèmes des Nations unies. Et là, il semble vouloir tester les limites de la Communauté internationale. Le dernier approche de dire que le FARDC vont combattre sans l’appui de la MONUSCO les FDLR se traduit avec un renvoi aux calendes grecques de ce combat… tout en mettant la Communauté internationale face à son hypocrisie… le mandat de la MONUSCO permettrait à la même à y aller toute seule… Mende nous met face à nos responsabilités, tout en sachant qu’un certain nombre de pays (la France en tête) pour des raisons historiques n’iront jamais contre les FDLR. Et là, encore une fois, le « faible régime » montre toute sa force en nous mettant dos au mur…. Si les FDLR continueront à sévir en RDC sera notre responsabilité en premier.
Une autre stratégie possible, même si peu probable, sauf si Kabila n’y sera pas poussé, pourrait être celle de sa démission anticipée. Kabila pourrait démissionner et se retirer à l’Est du pays. Tout en gardant un certain contrôle sur la zone est de défense. Et en continuant à inciter au chaos. Cela aurait l’avantage de montrer à la Communauté internationale qui il est incontournable, que sans sa présence le pays est ingérable. Cette stratégie pourrait lui permettre de retourner avec l’appui de la Communauté internationale, qui a toujours déclaré que l’unité du pays est la chose principale. Pour cela les FDLR, comme dans le passé, pourraient être des alliés de taille…
La stratégie de Kabila reste celle de la déstructuration du pouvoir existant. Donner des ordres aux subordonnés sans en informer leur hiérarchie, placer comme donneurs d’ordres militaires des individus isolés, qui doivent à tout prix (même celui de leur vie) lui obéir... Encore mieux si ces individus isolés sont des rwandophones…. Ainsi, les "éventuels dérapages" pourront leur être attribués. Donner des ordres à des personnes qui, à cause de leurs conditions, ne peuvent pas les refuser. Selon des sources bien informées de l’armée cela aurait été la stratégie utilisée en décembre 2013 à Lubumbashi, lorsque il y a eu un grand massacre de 300 à 400 militaires réclamant leur solde. Kabila connaît mieux que les autres ses raisonnements et il les utilise pour se faire appuyer dans les moments difficiles. Quoi de mieux que cela pour créer le chaos ?
Quelles sont les stratégies possibles pour l’opposition ? Il y a un premier constat à faire : la Communauté internationale, pour le moment, n’appuie pas réellement l’opposition. Elle se retranche derrière le fait que l’opposition est divisée et qu’elle n’est pas très forte et que, pour le moment, elle ne voit pas une réelle alternative, comme si c’était elle qui devrait faire le premier screening sur les candidats potentiels. On s’interroge à ce sujet sur la souveraineté du peuple congolais.
L’opposition reste divisée, certes. Vital Kamere est considéré comme rwandais, arrivé dans les rangs de l’opposition trop tard et donc pas un candidat réel pour l’opposition. Tshisekedi et sa famille ne s’accordent pas à l’intérieur de l’UDPS par rapport à sa succession ; dans ce cas aussi la stratégie du népotisme semble primer. Cela divise encore plus l’opposition et renforce le régime fort de la sous-région.

Par Dodji Sekyere

Mis en ligne par L’Agence d’information
 5/03/2015
 http://lagencedinformation.com/087-rdcongo-quand-la-communaute.html
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Mis en ligne par L’Agence d’information

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