Beni : le « Dialogue » en panne
Beni : le « Dialogue » en panne
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Dans toute la bande orientale du pays, lentement mais certainement, l’opposition monte contre les manœuvres du pouvoir central. Saura-t-elle atteindre les autres provinces ?
In all the eastern stripe of the country, slowly but surely, contestation is growing against the central power’s manœuvres. Will it be able to attain the other provinces ?
15/01/15
Nul ne pouvait s’attendre à une forte contestation qui proviendrait du Katanga, province « natale » du président Joseph Kabila, et entité territoriale ayant bénéficié de la retenue à la source de 40% sur les recettes fiscales dès l’an 2011, au moment où les 10 autres provinces attendent toujours une rétrocession qui tarde à venir malgré les recommandations faites à Addis Abeba (Accord-Cadre de février 2013) pour ramener la paix dans ce pays dont la gouvernance laisse à désirer.
Comme sous la Deuxième République, la plus forte mobilisation, dans ce cas orientée contre un troisième mandat de Kabila et le découpage territorial, provient de la province cuprifère nourricière du gouvernement central et dont la population a conservé intacte l’idéal fédéraliste hérité de la sécession katangaise sous Moise Tchombé Kapend.
Le Katanga a réussi cette forte mobilisation des masses à Lubumbashi, deuxième ville du pays. Le bâtonnier Jean-Claude Muyambo Kyassa, président du parti Solidarité congolaise pour la démocratie (SCODE) a donné le ton dès le mois de novembre 2014 en annonçant avec fracas son départ de la mouvance présidentielle (la famille politique de Joseph Kabila), suivi d’un « non » unilatéral sur toute modification éventuelle de la Constitution (articles verrouillées) qui permettrai au président Kabila de briguer un troisième mandat.
Le président de l’assemblée provinciale, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, leader d’un parti fédéraliste (UNAFEC) et voix très écoutée dans la province, réussira à convaincre l’opinion locale, mobilisant toute la ville pour une démonstration de force qui surprendra la garde prétorienne de Kabila et la machine répressive d’un régime qui commence à montrer ses limites.
Le 24 décembre 2014, le gouverneur Moise Katumbi de retour d’Europe, où il suivait des soins médicaux pour un empoisonnement, enfoncera le clou par une métaphore footballistique employée pour juxtaposer dans une rare élégance l’idée d’un troisième faux penalty à l’allusion à un troisième mandat, néanmoins rejeté par l’opposition et nombreux acteurs politiques qui hier encore s’attablaient à la mangeoire de la cour de Kingakati, la ferme présidentielle près de Kinshasa.
La présence meurtrière et persistante depuis vingt ans à l’Est des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), qui abritent les auteurs du génocide au Rwanda et sont depuis devenues force supplétive de l’armée congolaise (FARDC) pour traquer ceux qui réclament le droit à l’existence et la sécurisation de toute la bande orientale du pays, sont loin de faciliter le retour à une paix durable. La communauté internationale par la tutelle de la Mission onusienne au Congo (MONUSCO) a multiplié des déclarations tonitruantes les unes après les autres, pour finir par avouer que l’opération désarmement et cantonnement volontaire de ces forces négatives responsables numéro-un de l’insécurité au Kivu et au Katanga n’aura été qu’un coup d’épée dans l’eau. La dernière valse diplomatique du président sud-africain Jacob Zuma pour une prolongation de la traque des FDLR vient de se buter à un non-recevoir par les pays de la zone SADC et CIRGL (Afrique Centrale, Australe et Grands Lacs). Du coup son cavalier du « dernier tango », Jakaya Kikwete, le président de la Tanzanie, change de ton en déclarant à qui veut l’entendre que son pays participera à la prochaine opération contre les FDLR. Un changement d’alliance qui reste à vérifier et n’arrange pas en tout cas le gouvernement : Kinshasa tarde en effet à verser la prime due aux FDLR pour avoir été pendant si longtemps le bouclier du pouvoir en place contre la rébellion au Kivu.
A Beni (Nord-Kivu) et à Mambasa (Ituri, Province Orientale), un membre de la société civile qui a requis l’anonymat affirme qu’une main invisible continue à semer la mort pour contrôler les gisements d’or de la vallée de la Semliki. Les chefs coutumiers et les opérateurs économiques proches du RDC-ML de l’ex-ministre Mbusa Nyamwisi sont les cibles d’une mystérieuse force structurée et non-originaire de la région qu’impose aux villageois le déplacement forcé, renseigne la même source.
Les tensions se multiplient sur toute l’étendue de la République avec comme singularité l’opposition à toute modification de la Constitution et le découpage territorial. Comme la citadelle qui détruit le haricot de l’intérieur, le trio katangais a su donner un ton qui semble être suivi par les autres provinces. La dictature et la centralisation à outrance risque d’y prendre un coup fatal !
El Memeyi Murangwa et Luigi Elongui par l’Agence d’information
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