27/06/2013

Lundi 24 juin 2013, une plainte pour complicité de crime contre l’humanité a été déposée contre Paul Barril, par trois éminentes associations françaises de défense des droits humains : la vénérable Ligue des Droits de l’Homme, fondée lors de l’affaire Dreyfus, en 1898, la non moins importante Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), qui regroupe 178 associations provenant de plus d’une centaine de pays, et Survie, association engagée depuis vingt ans dans la dénonciation des responsabilités françaises dans le génocide des Tutsi.

En 2004, pour le dixième anniversaire du génocide de 1994, Survie, avec d’autres associations, organisait la commission d’enquête citoyenne qui s’est chargée d’examiner ces responsabilités françaises, et le volumineux rapport issu de ces travaux concluait, en son point 1.15 :

"l’ex-capitaine de gendarmerie Paul Barril apparaît au cœur du dispositif militaire franco-rwandais ; il ne cache pas ses liens avec la mouvance porteuse du génocide, ni qu’il a été présent au Rwanda pendant le génocide ; deux sources sérieuses, Alison Des Forges et Patrick de Saint-Exupéry, indiquent qu’il a signé avec le gouvernement du génocide un contrat “insecticide” (les Tutsi étaient appelés “cafards”) ; il est peu compréhensible que, sur ce point comme sur d’autres, ce militaire semble bénéficier d’une totale immunité ; la Commission ne comprend pas non plus qu’il n’ait pas été entendu par la Mission d’information parlementaire.

Le 24 janvier 2013, Le Parisien publiait un document – saisi par le juge Trévidic lors de perquisitions effectuées aux domiciles de Paul Barril en 2012 –, dans lequel le ministre de la défense du gouvernement intérimaire rwandais (GIR), en date du 27 avril 1994, confirmait son accord pour la fourniture de 1000 hommes destinés à se battre aux côtés des forces armées rwandaises – pendant le génocide. [Voir l’article du Parisien en fin de revue de presse ci-dessous.]

Rappelons que Paul Barril fait également l’objet de plaintes pour son action au Centrafrique en 2002-2003 qui vaut aujourd’hui à son adjoint de l’époque, Jean-Pierre Bemba, d’être déféré devant la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. [Voir le dernier document ci-dessous.]

[Source : l’Agence d’Information]

La FIDH, la LDH et Survie déposent plainte contre Paul Barril pour complicité de génocide au Rwanda

Paris, le 26 juin 2013 - La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), la Ligue française des droits de l’homme (LDH) et l’association Survie ont déposé ce lundi une plainte contre Paul Barril auprès du Tribunal de grande instance de Paris du chef de complicité de génocide pour avoir notamment contracté le 28 mai 1994 un accord d’assistance de fourniture d’armes et de munitions et de formation et d’encadrement, avec le Premier ministre du Gouvernement intermédiaire rwandais (GIR), Jean Kambanda.

Paul Barril est un ressortissant français, ancien capitaine de gendarmerie, qui a travaillé dans le domaine de la sécurité et a conseillé différents chefs d’Etats notamment en Afrique, et plus particulièrement au Rwanda. Il a dirigé plusieurs sociétés, dont SECRETS ainsi que le groupe GPB – Groupe Privé Barril.

C’est dans ce cadre que Paul Barril a conclu, le 28 mai 1994, un contrat d’assistance de fourniture d’armes et de munitions et de formation et d’encadrement, avec Jean Kambanda, le Premier ministre du Gouvernement intermédiaire rwandais de l’époque.

La FIDH, la LDH et Survie dénoncent la conclusion et l’exécution partielle par Paul Barril de ce contrat de fourniture d’armes et de munitions et de formation et d’encadrement, alors même que le Rwanda était en plein génocide et que la communauté internationale dénonçait ouvertement les multiples violations des droits de l’homme commises dans le pays. C’est dans ce contexte que le Conseil de sécurité des Nations Unies, par une résolution n°918 du 17 mai 1994, avait notamment adopté un embargo sur les armes interdisant la vente et la livraison « d’armements et de matériels connexes de tous types, y compris les armes et les munitions ».

Paul Barril, qui entretenait des relations privilégiées et de longue date avec les autorités rwandaises, était un fin connaisseur du contexte géopolitique rwandais de l’époque. Il ne pouvait dès lors ignorer les conséquences d’un tel accord permettant d’alimenter les crimes perpétrés au Rwanda durant cette période.

Enfin, l’Instruction devrait permettre de savoir si Paul Barril est seul en cause ou si d’autres responsables français ou d’une autre nationalité doivent être mis en cause.

La FIDH, la LDH et Survie saisissent donc aujourd’hui la justice française afin qu’une information judiciaire soit ouverte à l’encontre de Paul Barril pour complicité de génocide sur le territoire du Rwanda.

[Source : Survie]

Une plainte a été déposée contre Paul Barril pour complicité de génocide au Rwanda

Ancien gendarme français reconverti dans la sécurité privée, le capitaine Paul Barril fait l’objet d’une plainte pour « complicité de génocide » pour son rôle controversé dans le génocide des Tutsis du Rwanda.

Depuis longtemps, la menace lui pendait au nez. Les tribulations rwandaises de Paul Barril – passé successivement par le GIGN et la cellule antiterroriste de l’Élysée avant de se reconvertir dans la sécurité privée – éveillent la suspicion depuis 1994. Lundi 24 juin, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), la Ligue des droits de l’homme (LDH) et l’association Survie ont déposé contre l’ancien supergendarme une plainte pour « complicité de génocide » devant le tribunal de grande instance de Paris. Il lui est notamment reproché d’avoir contracté, le 28 mai 1994 – alors qu’un embargo sur les livraisons d’armes au Rwanda avait été décrété par l’ONU dix jours plus tôt –, un « accord d’assistance » portant sur la fourniture d’armes, de munitions, de formation et d’encadrement avec le Premier ministre du gouvernement intermédiaire rwandais, Jean Kambanda. Ce même gouvernement qui orchestrait depuis près de deux mois le génocide des tutsis.

C’est la première fois qu’un ressortissant français nommément désigné fait l’objet d’une plainte judiciaire pour complicité de génocide au Rwanda. De précédentes plaintes déposées par des rescapés du génocide – actuellement instruites à Paris – avaient été formulées « contre X ». Mais les interventions répétées de Paul Barril dans le dossier franco-rwandais, dont les éléments ont été exhumés progressivement, laissent planer depuis un certain temps la perspective d’une action en justice à son encontre, le crime de génocide étant imprescriptible.

Selon l’avocat Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH, « la plainte s’appuie en premier lieu sur le contrat du 28 mai 1994, dont on sait par ailleurs qu’il a donné lieu au versement d’un premier acompte, ce qui est l’indice d’un début d’exécution ».

Si l’enquête préliminaire débouche sur l’ouverture d’une information judiciaire, il appartiendra aux magistrats français de documenter le rôle exact joué par Paul Barril au service d’un régime qui conduisait l’extermination de sa propre population. Ils pourront, pour ce faire, bénéficier de l’abondante documentation dénichée par leur collègue Marc Trévidic au terme d’une perquisition menée chez Paul Barril en juin 2012. Selon nos informations, si ces pièces ne sont pas d’un apport déterminant dans le cadre de sa saisine (qui porte exclusivement sur l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président rwandais Habyarimana), elles seraient en revanche susceptible d’étayer une plainte pour complicité de génocide.

Outre le rôle personnel joué par le capitaine au service du pouvoir rwandais de l’époque, dominé par les Hutus, l’un des enjeux sous-jacents de l’information judiciaire qui pourrait être ouverte à la suite de l’enquête préliminaire consistera à établir les relations exactes qui prévalaient entre Paul Barril « le privé », l’Élysée et les services secrets français. « C’est un aspect qu’on ne néglige pas, explique Patrick Baudouin. À l’évidence, on ne peut pas ne pas s’interroger sur le lien entre Paul Barril et les autorités françaises et sur la tolérance – pour ne pas dire plus – dont il a bénéficié de leur part. »

Entre octobre 1990 et juillet 1994, période où Paul Barril s’est illustré à répétition au service du régime hutu – renseignement, formation, livraisons d’armes –, le dossier rwandais était considéré à Paris comme hautement sensible. À cet égard, il était suivi par un cercle restreint d’initiés. Il appartiendra à la justice française d’établir si un « free-lance » aurait pu y intervenir durablement sans un feu vert donné au plus haut niveau.

Mehdi BA

[Source : Jeune Afrique]

Rwanda : Une plainte contre Paul Barril pour complicité de génocide

La Fédération internationale des associations de défense des droits de l’Homme (FIDH), et d’autres associations ont déposé déposé plainte auprès du Tribunal de grande instance de Paris contre l’ancien “gendarme de l’Elysée” Paul Barril pour complicité de génocide au Rwanda.

La FIDH, la Ligue française des droits de l’homme (LDH) et l’association Survie ont déposé lundi 24 juin 2013 une plainte contre Paul Barril du chef de complicité de génocide. L’ancien chef adjoint de la « cellule des gendarmes de l’Elysée » de triste mémoire est notamment convaincu d’avoir contracté le 28 mai 1994 un accord d’assistance de fourniture d’armes et de munitions et de formation et d’encadrement, avec Jean Kambanda, Premier ministre du Gouvernement intermédiaire rwandais (GIR). Le Conseil de sécurité des Nations Unies, par la résolution n°918 du 17 mai 1994, avait notamment adopté un embargo sur les armes interdisant la vente et la livraison « d’armements et de matériels connexes de tous types, y compris les armes et les munitions ». Paul Barril ne pouvait ignorer qu’il violait ainsi l’embargo sur les armes décrété par l’ONU, et surtout qu’il favorisait les crimes de guerre et crimes contre l’humanité – imprescriptibles – du “gouvernement génocidaire”. Sous l’autorité de Jean Kambanda, environ un million de Tutsi et Hutu démocrates rwandais ont été exterminés en cent jours.

Chassé de l’Elysée à la demande de François Mitterrand pour divers “dérapages”, le capitaine de gendarmerie honoraire Paul Barril s’était reconverti dans le domaine de la sécurité “haut de gamme”. Il a soutenu durant près de deux années l’armée de Saddam Hussein dans la guerre Irak/Iran, période où il a appris à se servir de missiles anti-aériens d’origine soviétique. Paul Barril a ensuite conseillé différents chefs d’Etats africains, et plus particulièrement Juvénal Habyarimana au Rwanda. Il avait été appuyé auprès du président rwandais par Fabien Singaye, un maître-espion rwandais basé à Berne (Confédératon helvétique), gendre et fondé de pouvoir de Félicien Kabuga, le “financier du génocide”, toujours en fuite.

Paul Barril renverra l’ascenseur à Singaye en le faisant embaucher par le juge “antiterroriste” Jean-Louis Bruguière comme interprète assermenté dans le dossier de l’attentat du 6 avril 1994.

Barril avait fondé plusieurs sociétés, dont SECRETS ainsi que le groupe GPB – Groupe Privé Barril. C’est dans ce cadre que Paul Barril a conclu, le 28 mai 1994, le contrat d’assistance qui porte sa signature ainsi que celle du Premier ministre du Gouvernement intermédiaire rwandais de l’époque. La FIDH, la LDH et Survie dénoncent la conclusion et l’exécution partielle par Paul Barril de ce contrat de fourniture d’armes et de munitions, et de formation et d’encadrement, alors même que le Rwanda était en plein génocide et que la communauté internationale dénonçait ouvertement les crimes massifs commises dans le pays.

« Paul Barril, qui entretenait des relations privilégiées et de longue date avec les autorités rwandaises, était un fin connaisseur du contexte géopolitique rwandais de l’époque. Il ne pouvait dès lors ignorer les conséquences d’un tel accord permettant d’alimenter les crimes perpétrés au Rwanda durant cette période », précisent les auteurs de la plainte dans un communiqué. Ils ajoutent que « l’Instruction devrait permettre de savoir si Paul Barril est seul en cause ou si d’autres responsables français ou d’une autre nationalité doivent être mis en cause ».

Bien d’autres questions sont posées sur le rôle de Paul Barril et de son équipe de mercenaires français embauchés par le “gouvernement génocidaire” et présents au Rwanda durant le génocide. Plusieurs d’entre-eux semblent s’être trouvés sur les collines de Bisesero à la mi-mai 1994 pour conseiller l’extermination des Tutsi qui s’y étaient rassemblés au nombre d’environ 50 000 et qui menaient une défense désespérée. Un des mercenaires de l’équipe, peut-être révolté par le “travail” qui lui était assigné, a été tué par un milicien interahamwe le 20 ou 21 juin 1994. Le milicien a été convoqué par le Premier ministre Jean Kambanda, peut-être moins pour le sermonner que pour lui imposer le silence sur cet “accident professionnel”. Les sites français de mercenaires qui prétendent “rendre hommage aux nôtres tués au combat” se sont bien gardés de citer son nom et les circonstances de son décès.

Dans son livre “Guerres secrètes à l’Elysée”, Paul Barril affirme avoir été présent au Rwanda le 7 avril, juste après l’attentat contre l’avion du président Habyarimana (attentat qui a servi de détonateur au génocide organisé de longue date). Interrogé par le juge Marc Trévidic (qui a succédé au juge Bruguière) sur ce point, il a prétendu avoir menti et présenta un passeport qui attestait de sa présence à Washington de la fin mars à la mi-avril 1994. Mais son alibi a fait long feu. L’enquête de police a démontré qu’il possédait au moins deux passeports à la date du 6 avril 1994, ce qu’il s’était bien gardé de dire au juge.

La plainte de la FIDH, de la LDH et de l’ONG Survie devrait permettre d’ouvrir plus grande encore la boîte de Pandore du déroulé de l’attentat et du génocide des Tutsi du Rwanda.

Jean-François DUPAQUIER

[Source : Afrikarabia]

Paul Barril visé par une plainte pour complicité de génocide au Rwanda

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et Survie ont déposé, lundi 24 juin, une plainte contre l’ex-patron du GIGN Paul Barril. Il aurait signé un contrat d’assistance de fournitures d’armes et de munitions au gouvernement rwandais en plein génocide des Tutsis et des Hutus modérés. Il a toujours nié son implication.

La plainte a été déposée lundi auprès du Tribunal de grande instance de Paris, par trois organisations : la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et l’association Survie.

Elle vise le capitaine de gendarmerie Paul Barril, ex-patron du GIGN, pour son implication supposé dans le génocide rwandais au cours duquel environ 800 000 Tutsis et Hutus modérés ont été tués entre le 6 avril et le 4 juillet 1994 par des miliciens et des éléments des Forces Armées Rwandaises (FAR, force gouvernementale)).

« IL SAVAIT À QUOI IL CONTRIBUAIT : UN GÉNOCIDE »

Selon les plaignants, Paul Barril est coupable de complicité de génocide « pour avoir notamment contracté le 28 mai 1994 un accord d’assistance de fourniture d’armes et de munitions, et de formation et d’encadrement, avec Jean Kambanda, le premier ministre du Gouvernement intermédiaire rwandais de l’époque ».

À cette période, Paul Barril, qui ne travaillait plus officiellement pour l’État français, dirigeait la société Secrets et le groupe GPB-Groupe Privé Barril, deux structures spécialisées dans la sécurité. Lorsqu’il a signé, « le Rwanda était en plein génocide. La communauté internationale dénonçait les multiples violations des droits de l’homme et les Nations unies avaient adopté le 17 mai un embargo sur les armes, rappelle Patrick Baudouin, l’avocat de la FIDH. En signant un tel accord, Paul Barril savait à quoi il contribuait : un génocide envers les Tutsis et les Hutus modérés ».

UN CONTRAT À 3,3 MILLIONS DE DOLLARS

Selon le dépôt de plainte, le contrat portait sur la fourniture de 2 000 000 de cartouches, 11 000 obus et mortiers et 11 000 grenades ; et l’équipement de 20 hommes d’encadrement. Le montant de ce contrat s’élevait à 3,3 millions de dollars (2,5 millions d’euros). Mais l’évolution de la situation au Rwanda n’a pas permis à ce contrat d’être entièrement exécuté : 1,2 million de dollars (920 000 €) auraient été payés à Paul Barril.

« Depuis très longtemps, on parle de l’implication de Paul Barril dans le génocide rwandais. Mais il n’y avait pas de pièces probantes le certifiant. Cette fois, nous détenons des documents sur le contrat du 28 mai et sur le début de son exécution », note Patrick Baudouin.

L’avocat du capitaine Barril, Sophie Joinquet, jointe mardi 25 juin par téléphone par La Croix, n’avait pas connaissance de cette plainte. « Mon client vit en Angleterre et son état de santé est très précaire. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il a toujours nié être impliqué dans le génocide rwandais, de près ou de loin ».

Laurent LARCHER

[Source : La Croix]

La FIDH porte plainte contre Paul Barril pour complicité de génocide au Rwanda

Exclusif FRANCE 24 : la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme, la Ligue française des droits de l’Homme et Survie portent plainte contre l’ex-capitaine de gendarmerie Paul Barril pour complicité de génocide au Rwanda.
Par FRANCE 24 (texte)

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), la Ligue française des droits de l’Homme (LDH) et l’association Survie ont déposé lundi 24 juin une plainte contre Paul Barril pour complicité de génocide au Rwanda. En cause : un accord d’assistance de fourniture d’armes et de minutions ainsi que de formation et d’encadrement contracté le 28 mai 1994 par l’intéressé avec le Premier ministre du gouvernement intermédiaire rwandais, Jean Kambanda, alors que le pays était en proie au conflit.

Ancien capitaine de gendarmerie, Paul Barril a travaillé dans le domaine de la sécurité et a conseillé différents chefs d’État notamment en Afrique, et plus particulièrement au Rwanda. Il a dirigé plusieurs sociétés, dont SECRETS ainsi que le groupe Groupe privé Barril (GPB). C’est dans ce cadre que Paul Barril a conclu l’accord avec le gouvernement de Jean Kambanda.

Embargo de l’ONU sur les armes

Selon la FIDH, la LDH et Survie, Paul Barril, qui entretenait des relations privilégiées et anciennes avec les autorités rwandaises, connaissait bien le contexte géopolitique rwandais de l’époque. Il ne pouvait donc ignorer les conséquences d’un tel accord permettant d’alimenter les crimes perpétrés au Rwanda durant cette période.

Les trois organismes dénoncent la conclusion et l’exécution partielle par Paul Barril de ce contrat alors même que le Rwanda était en plein génocide. Ils rappellent que le Conseil de sécurité des Nations unies, par la résolution numéro 918 du 17 mai 1994, avait notamment adopté un embargo sur les armes interdisant la vente et la livraison "d’armements et de matériels connexes de tous types, y compris les armes et les munitions".

[Source : France 24]

Survie, la Fidh et la Ldh déposent plainte contre Paul Barril

Ce lundi, Survie, la Fidh et la Ldh portent plainte auprès du Tribunal de grande instance de Paris, contre Paul Barril pour complicité de génocide au Rwanda.

Certes Paul Barril est un fusible dans le système de camouflage des responsabilités et/ou complicités françaises principales concernant le génocide de 1994 au Rwanda : plus de 1 million de personnes exterminées, à majorité tutsi en à peine quatre mois, le plus intense de l’Histoire.

Mais si la plainte est reçue, Barril devra s’expliquer plus avant. Les habituels rideaux de fumée dont il a le secret laisseront peut-être place à quelques parts de vérité, dénonçant on l’espère les uns les autres, supérieurs hiérarchiques. On pense à l’Elysée, François Mitterrand, particulièrement. Il est peu crédible que tout parte et s’arrête à ce super gendarme de la République.

Rappelons les motivations de la Françafrique, à propos de l’ex pré carré colonial, et vis à vis du génocide des tutsi au Rwanda en 1994 :

• La place de la France au Conseil de Sécurité de l’Onu, avec ses potentats africains alliés. Née de la sous traitance française et atlantiste, de la gestion de territoires africains stratégiques, après l’intervention Us en 1945.

• La main mise sur les matières premières par le complexe industriel, financier/bancaire et militaire. Avec la privatisation progressive des guerres, une sous traitance à des mercenaires. Un maquillage de l’Etat pour se disculper et engager moins de troupes, face au désarroi des familles et de l’opinion publique

• L’expérimentation de guerres contre révolutionnaires, pensée à l’Ecole de Guerre à Paris (la France a d’ailleurs formé les Usa à ce niveau, doctrine appliquée en Amérique du Sud notamment, après le quadrillage de populations et la torture en Algérie) & l’usage de l’ethnisme, le Complexe de Fachoda…

• Le financement des partis politiques, du Pc/Ps jusqu’au Rpr/Ump, via les commissions et rétrocommissions bancaires ; plus le jeu des réseaux éclatés depuis Foccart et De Gaulle.

[Source : collectif innovations illuminations politiques]

Le parisien : Rwanda : des pièces accablantes pour la France

24 janvier 2013

Des documents saisis chez le capitaine Paul Barril apportent de nouvelles preuves sur le rôle de la France dans le génocide tutsi, en1994,auRwanda.

C’est une lettre de quelques lignes, tapée à la machine. Signée par Augustin Bizimana, le ministre de la Défense rwandais, elle est adressée « au Capitaine Paul Barril ». « Monsieur,… la situation dans mon pays devient de plus en plus critique… Vu l’évolution actuelle du conflit, je vous confirme mon accord pour recruter, pour le gouvernement rwandais, 1000 hommes devant combattre aux côtés des Forces Armées Rwandaises. » La missive insiste sur « l’urgence » de la requête. Elle est datée du 27 avril 1994.

A cette date, le génocide rwandais a commencé depuis trois semaines. Depuis que, le 6 avril, l’avion du président Juvénal Habyarimana a été abattu. Les Hutus, accusant les Tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) d’avoir commis l’attentat, lancent un effroyable génocide. Hommes, femmes, vieillards, enfants : en quatre mois, essentiellement à coups de machette, ils massacrent 800000 Tutsis (évaluation de l’ONU).

3M$ de factures d’armes, de munitions et d’hommes

Quatre ans après l’attentat contre le président rwandais, une enquête est ouverte en France pour déterminer qui a abattu l’aéronef. Très rapidement, en dépit des très nombreuses contradictions et insuffisances de ses investigations, le juge Bruguière accuse le FPR.

Mais, depuis que son successeur Marc Trévidic a repris le dossier, les cartes ont été entièrement rebattues. Le rôle des autorités françaises dans le génocide apparaît particulièrement ambigu. A ce titre, la lettre au capitaine Barril, récemment versée au dossier et dont nous nous sommes procuré la copie, est saisissante.

Lorsqu’il est sollicité par le ministre de la Défense rwandais, le capitaine Barril n’est pas n’importe qui. « Paul Barril, à cette époque, c’est la France, résume une source judiciaire. Faire appel à lui, c’est faire appel à la France. » Ancien patron du GIGN, cela fait déjà plusieurs années que, avec sa société Secrets, Barril travaille dans l’ombre, à la demande de François de Grossouvre (un conseiller de Mitterrand), pour le gouvernement rwandais. Officiellement, Barril est d’abord chargé d’« une mission d’infiltration » au service du gouvernement rwandais, avant d’être sollicité par la veuve Habyarimana pour enquêter sur les auteurs de l’attentat. Officieusement, son rôle est nettement plus discutable.

L’été dernier, à la demande du juge Trévidic, une série de perquisitions menées chez Barril et auprès de son entourage ont permis de mettre la main sur des documents accablants. Outre la demande de 1000 mercenaires, les enquêteurs ont récupéré des factures d’armes, de munitions et d’hommes, liées à « un contrat d’assistance » passé entre Barril et le gouvernement rwandais et daté du 28 mai 1994. Cartouches, obus, mortiers, grenades… le montant global dépasse les 3 M$. Le 20 décembre dernier, le juge Trévidic interroge le capitaine Barril sur ces documents. Le contrat d’assistance ? « Cela n’a jamais existé », prétend l’intéressé. Les factures ? « Cela ne s’est jamais fait. » Paul Barril, qui se présente désormais comme conseiller auprès des autorités qatariennes, a une expression pour résumer tout cela : « C’est de la mayonnaise africaine. » Une mayonnaise de près d’un million de morts.

[Source : Le Parisien]

[Au sujet des méfaits de Barril au Centrafrique, ci-dessous l’extrait d’un article paru en 2006 :]

(…) Antérieurement, Patassé n’avait pas procédé autrement, cette fois « dans le cadre » d’un contrat de « mercenariat », avec le bien connu Paul Barril. Chargé de la sécurité présidentielle, celui-ci se voyait même bombardé responsable de la lutte anti-terroriste « intérieure et extérieure » – on était après le 11 septembre. En même temps que ces fonctions de super-ministre de la « sécurité », Barril commercialisait des services de « gardiennage » privé – pour arrondir ses fins de mois, peut-être. L’adjoint de Barril, en ces sombres débuts de XXIe siècle, un certain Abdoulaye Miskine, aura gagné son brin de célébrité en semant la terreur, au moins autant que ses compères de l’actuelle Brigade de sécurité présidentielle.

Le vent ayant tourné, Bozizé renversant Patassé, cela leur vaut – à Barril, à Miskine comme à leur commanditaire Patassé –, d’être poursuivis devant la Cour Pénale Internationale. Un arrêt de la cour de cassation de Bangui le confirmait le 11 avril 2006. L’acte d’accusation leur reproche d’avoir « volontairement donné la mort à plusieurs individus avec préméditations, tortures et sévices, volontairement porté des coups ayant entraînés la mort sans intention de la donner, détenu et séquestré plusieurs individus, recelé des cadavres, pillé et détruit des biens appartenant aux victimes en réunion ou en bande ».

Patassé est accusé d’avoir fait venir des mercenaires de diverses nationalités qu’il a placés sous la direction de Paul Barril – nommé Directeur national de la lutte contre le terrorisme international. L’acte d’accusation mentionne également une milice, « connue sous l’appellation de Société centrafricaine de protection et de surveillance (SCPS) », qui sévissait sous les ordres de Victor Ndoubabe et Paul Barril. Victor Ndoubabe, idéntifié par ailleurs comme le « chauffeur » de Patassé, est le quatrième de la liste d’accusés transmise à la Cour Pénale Internationale.

Le cinquième est plus connu : il s’agit de Jean-Pierre Bemba, fameux milliardaire et chef de milice zaïrois. Ses hommes seront particulièrement redoutés à Bangui cette année-là. Selon l’arrêt de la cour de cassation centrafricaine, Bemba devrait au fait d’être devenu entretemps vice-président du Congo-ex-Zaïre de bénéficier d’une immunité. Les élections approchent au Congo – et le criminel françafricain craint de perdre sa précieuse immunité. [Et à raison : Jean-Pierre Bemba sera arrêté à Bruxelles le 24 mai 2008, suite à un mandat de la Cour pénale internationale, en raison d’accusations de crimes contre l’humanité commis lors des incursions de ses troupes en République centrafricaine pendant la période allant du 25 octobre 2002 au 15 mars 2003. Le 4 juillet, Bemba comparaissait une première fois devant les juges. Ses avocats n’ont pas demandé la mise en liberté provisoire de leur client, attendant d’être en possession de toutes les pièces transmises par les autorités belges avant de se prononcer. L’audience de confirmation de charges doit se tenir le 4 novembre.] Propriétaire de plusieurs chaînes de télévision, il fait feu de tout bois pour alimenter autant que faire se peut son unique planche de salut politique : l’ethnisme à outrance. [Mais ne parviendra pas pour autant à s’imposer dans la joute électorale congolaise.]

Ainsi que le remarque la FIDH, « l’ordonnance ne distingue pas la responsabilité pénale de Miskine de celle de Paul Barril ». Et soutient : « À la lumière des pièces du dossier… que pendant les événements de 2002/2003 ils se sont rendus coupables de nombreuses exécutions sommaires et autres infractions ; que les personnes estimées à plusieurs centaines sont victimes des exactions commises » par les deux inculpés. « L’ordonnance mentionne des fosses communes identifiées aussi bien à Bangui que dans les villes de province, ainsi que des cas nombreux d’arrestations illégales », précise la FIDH. Le président de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, Sidiki Kaba, dénonçait le « silence assourdissant » du procureur de la Cour internationale, qui ne semble pas pressé de se saisir du dossier de l’officier français. « Son inaction favorise le climat d’impunité », soulignait-il. Et « son intervention, attendue par les victimes, pourrait au contraire prévenir la répétition de crimes les plus graves ». Le 23 mai, le procureur de la Cour pénale internationale était justement reçu à Paris par le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, pour évoquer nombre d’affaires en suspens, sur lesquelles « toute la lumière » devrait être faite. Mais le dossier centrafricain n’était pas mentionné dans le communiqué du Quai d’Orsay. Sûrement un oubli.

[Source : Etat d’urgence, le cobaye international]

Mis en ligne par L’Agence d’information
 27/06/2013
 http://lagencedinformation.com/012-le-capitaine-paul-barril-incrimine.html
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Deuxièmes Rencontres de La Nuit rwandaise à Paris

 Le vendredi 18 avril 2014 de 10h à 22h se tiendront les secondes Rencontres de La Nuit rwandaise dans le cadre de la vingtième commémoration du génocide des (...)

Le vendredi 18 avril 2014 de 10h à 22h se tiendront les secondes Rencontres de La Nuit rwandaise dans le cadre de la vingtième commémoration du génocide des Tutsi.

Une journée de débats et d’échanges autour de la participation française au génocide des Tutsi au Rwanda.

Mis en ligne par L’Agence d’information

 18/04/2014

Le capitaine Paul Barril incriminé

 Lundi 24 juin 2013, une plainte pour complicité de crime contre l’humanité a été déposée contre Paul Barril, par trois éminentes associations françaises de (...)

Lundi 24 juin 2013, une plainte pour complicité de crime contre l’humanité a été déposée contre Paul Barril, par trois éminentes associations françaises de défense des droits humains : la vénérable Ligue des Droits de l’Homme, fondée lors de l’affaire Dreyfus, en 1898, la non moins importante Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), qui regroupe 178 associations provenant de plus d’une centaine de pays, et Survie, association engagée depuis vingt ans dans la dénonciation des responsabilités françaises dans le génocide des Tutsi.

En 2004, pour le dixième anniversaire du génocide de 1994, Survie, avec d’autres associations, organisait la commission d’enquête citoyenne qui s’est chargée d’examiner ces responsabilités françaises, et le volumineux rapport issu de ces travaux concluait, en son point 1.15 :

"l’ex-capitaine de gendarmerie Paul Barril apparaît au cœur du dispositif militaire franco-rwandais ; il ne cache pas ses liens avec la mouvance porteuse du génocide, ni qu’il a été présent au Rwanda pendant le génocide ; deux sources sérieuses, Alison Des Forges et Patrick de Saint-Exupéry, indiquent qu’il a signé avec le gouvernement du génocide un contrat “insecticide” (les Tutsi étaient appelés “cafards”) ; il est peu compréhensible que, sur ce point comme sur d’autres, ce militaire semble bénéficier d’une totale immunité ; la Commission ne comprend pas non plus qu’il n’ait pas été entendu par la Mission d’information parlementaire.

Le 24 janvier 2013, Le Parisien publiait un document – saisi par le juge Trévidic lors de perquisitions effectuées aux domiciles de Paul Barril en 2012 –, dans lequel le ministre de la défense du gouvernement intérimaire rwandais (GIR), en date du 27 avril 1994, confirmait son accord pour la fourniture de 1000 hommes destinés à se battre aux côtés des forces armées rwandaises – pendant le génocide. [Voir l’article du Parisien en fin de revue de presse ci-dessous.]

Rappelons que Paul Barril fait également l’objet de plaintes pour son action au Centrafrique en 2002-2003 qui vaut aujourd’hui à son adjoint de l’époque, Jean-Pierre Bemba, d’être déféré devant la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. [Voir le dernier document ci-dessous.]

[Source : l’Agence d’Information]

Mis en ligne par L’Agence d’information

 27/06/2013