On apprend ce mercredi soir, 12 juin 2013, que plusieurs centaines de Tutsi sont en train d’être raflés, depuis mardi soir, soit depuis vingt-quatre heures, à Goma et Bukavu, par la police secrète congolaise.
D’après Chimpreports.com-Uganda news, des membres des FARDC, en l’occurrence des équipes de la sécurité militaire, sont en train de procéder à des arrestations de centaines de « suspects », soupçonnés de sympathiser avec le M23, aussi bien à Goma qu’à Bukavu.
Sont visés particulièrement les personnes parlant kinyarwanda, aussi bien des jeunes, élèves ou étudiants, que des fonctionnaires ou des hommes d’affaires. Des civils d’autres origines sont également raflés.
Selon Chimpreports, de nombreux civils ont franchi la frontière rwandaise, pour se réfugier à Gisenyi.
Le porte-parole du gouvernement congolais, M. Lambert Mende, déclarait récemment : « Nous ne signerons pas de cessez-le-feu. Ils [le M23] sont désespérés et faibles, et il est grand temps qu’ils disparaissent. » Aujourd’hui, dans la journée, la délégation congolaise a effectivement quitté la table des négociations à Kampala.
Dans une dépêche publiée ce soir, Radio-Okapi, l’agence d’information de la MONUSCO (Mission de l’ONU pour la stabilisation en République Démocratique du Congo), annonce qu’une « vague d’arrestations de civils accusés de collaborer avec le M23 » a commencé depuis deux semaines à Goma. Les personnes arrêtées seraient systématiquement déportées à Kinshasa. Radio-Okapi évalue à une vingtaine le nombre de personnes arrêtées ces dernières semaines, dont plus d’une dizaine la semaine dernière. Parmi celles-ci, il y aurait un ressortissant libanais. « Ces personnes ont d’abord été mises au cachot de l’Agence nationale de renseignements (ANR), avant d’être transférées dimanche à Kinshasa », selon l’agence onusienne.
Le M23 déclare qu’ils « sont enlevés à leur domicile la nuit comme le jour par des membres des services secrets, torturés et acheminés à une destination inconnue ». Selon l’ANR, il s’agirait de questions relevant de la « sécurité nationale », et il y aurait des « preuves accablantes » de la collaboration des personnes arrêtées avec le M23. Cette vingtaine de personnes, surtout congolaises, mais aussi rwandaises, selon Radio-Okapi, ont déjà été transférées à Kinshasa.
Depuis mardi soir cette vague d’arrestation s’est considérablement amplifiée, les victimes se comptant par centaines, « leur nombre étant impossible à évaluer puisque c’est en cours » selon un observateur.
Rappelons que ceci prend place alors que l’ONU mobilise près de 20 000 hommes dans la MONUSCO, dont 3 000 d’une brigade spéciale « offensive » – pour la première fois dans l’histoire de l’ONU – dont les premiers éléments patrouillent déjà dans Goma depuis cette semaine.
Il y a deux semaines, le Président Tanzanien, Jakaya Kikwete, déclarait qu’il considérait que le gouvernement rwandais devrait accepter de s’asseoir à la table de négociation avec les forces génocidaires (FDLR). Il confirmait ainsi sa sympathie de longue date pour celles-ci. Rappelons également qu’un général tanzanien dirige la brigade spéciale de l’ONU installée à Goma.
[Source : L’Agence d’Information]